ㄨ Eam Story ㄨ

Chapitre VI

ABY



Je marchais sur de l'herbe bleu. Je vous assure. C'était de l'herbe normale, naturelle, banale, à un détail prés : elle était bleu. Vous en avez déjà vu ? Non, certainement pas, et bien, moi, j'aimais beaucoup.

Et puis, elle était douce, si douce. Elle glissait entre mes orteils, chatouillait mes pieds nus qui foulaient cette végétation si étrange. C'était une sensation apaisante qui m'offrait un calme olympien et surnaturel. Pourtant, je savais pertinemment ce qu'il m'arrivait. Je savais qu'en réalité, j'étais allongée sur une route, dans la nuit, avec un policier à mes côtés. Je savais que j'étais au porte de la mort, et je me doutais que ce paysage bleuté n'était autre qu'un aperçu du paradis. Mais je n'étais pas inquiète, au contraire. Alors, je continuais ma route, en me demandant où je pouvais bien aller. Il y avait un ciel, au-dessus de ma tête, bien que je n'en sois pas réellement sûre. J'avais du mal à distinguer quand s'arrêter la terre et quand commençait le ciel. Il n'y avait pas un nuage pour contraster avec la couleur azur. Pourtant, plus je poursuivais ma route, plus les couleurs faisaient leur apparition. Un dégradé de rose, violet. De l'orange, du rouge, du jaune... et puis, chose curieuse, il n'y avait pas une once de brise. Pas d'air. A vrai dire c'était comme s'il n'y avait pas d'oxygène, et comme si je n'en avais pas besoin. Je ne respirais même pas. A l'instant même où cette constatation s'imposa à mon esprit, je me sentis dériver. Je ne percevais plus mon cœur tambourinant contre mes côtes. J'étais vide, une enveloppe charnelle. La seconde suivante, je me redressais subitement de l'asphalte en prenant une profonde inspiration comme si je venais soudain me réveiller d'un cauchemars. Je clignais des yeux en voyant qu'un nouveau beau jeune homme se tenait à mes côtés. Deux en fait. C'était des pompiers. Je les regardait alternativement, mais ils ne semblaient pas me voir. Ils parlaient rapidement entre eux en fixant un point dans mon dos, tout en trafiquant dans leurs matériels. Un autre arrivait vers nous avec un brancard. Je m'éclaircis la voix pour attirer leur attention et pour leur faire remarquer que j'allais bien et que je n'avais pas besoin de ça. Mais quelque chose m'en empêchant, et me força à me retourner. Je jetais donc un regard derrière moi, et me découvris, inerte & les yeux clos. Je fis un bon en arrière, qui me fit m'envoler au-dessus de la scène de deux bons mètres. Je survolais mon corps, horrifiée de ce que je voyais, quand soudain l'un des pompiers se mit à crier quelque chose à ses coéquipiers. Il s'ensuivit une perturbation où ils s'activèrent tous. Pendant que l'un d'eux allait chercher quelque chose dans leur camion, le premier pompier que j'avais repéré se mit à me faire un massage cardiaque de façon énergique & désespérée. J'entendis un cris un bruit qui attira mon attention. Le policier qui avait tenté de me garder éveillée frappait violemment le capot de sa voiture et donnait des coups de pieds à ses pneus tendis que son comparse tentait de le calmer et de lui faire entendre raison.

Je trouvais ça touchant, mais savais que ça ne servait à rien. Alors que je croyais ma dernière heure arrivée, quelque chose d'autre m'intrigua. Un fil, épais comme mon bras, était tendu devant mes yeux. En partant de mon coeur il s'envolait au-dessus de moi et disparaissait bien plus loin. Je jettais un dernier regard à ce qu'il se déroulait sous moi avant de comprendre ce que je devais faire. Je saisis la corde dorée qui me reliait à je ne sais trop quoi, et tirais dessus. Une traction me poussa vers l'avant, me faisant m'envoler plus haut encore. Je poursuivis sur ma lancée, tractant mon corps métaphysique le long de ce lien curieux qui vibrait quand je le touchais.

Je me sentais aussi légère qu'une plume, et plus vivante que jamais. Les sons me parvenaient confus, et j'entendais une douce mélodie, un tintement délicat rassurant qui me guidait vers sa source. Je ne sais pas combien de temps il me fallut pour arriver à ma destination inconnue. Mais même si cela avait prit une minute ou un an, je n'aurais pas pu le dire. Ce qui m'entourait était absolument blanc. Tout autour de moi était immaculé, et je ne distinguais aucun contour. Je n'aurais pas su dire où je me trouvais, et je m'en moquais. Je n'étais pas sur un nuage, pas dans une pièce ou un couloir. Plutôt dans le néant. Un néant absolument insondable. Je tendis deux mains devant moi, en ayant l'impression de la faire passer au travers d'un brouillard. Pourtant, je la voyais toujours aussi nettement. Je baissais les yeux, et ne vit rien d'autre que l'infini nacré. Là où je me trouvais était absolument impossible à décrire, et je perdis vite patience. Ce qui me dérangeait le plus, c'était cette sensation d'être épiée, et ma nudité rajoutait une couche à mon malaise. J'aurais voulu crier, mais je savais d'instinct que je ne pouvais pas me le permettre, comme si ce lieu était un sanctuaire sacré.

Après ce qui me parut une éternité, il y eut un très léger changement. Une apparition. Une brise, une très légère brise qui me fit frissonner et me donna la chair de poule. Mon attention soudain éguisée, je cherchais quelque chose de suspect.




08/05/2011
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