ㄨ Eam Story ㄨ

Chapitre IX

ABY


  • Tu ressembles à un lapin pourchassé.

La voix venait de dans mon dos. Je sursautais et pivotais. Mais j'avais beau regarder, je ne voyais rien.

  • Génial, non seulement je suis morte, mais en plus je deviens folle, soupirais-je.

  • Voyons, tu n'es pas encore morte. Qui a dit que tu l'étais ?

Toujours cette même voix. Mais je ne voyais toujours rien, hormis ce blanc nacré. Et puis je vis un point noir. Je plissais les yeux. C'était une forme. Une forme sombre qui contrastait avec le reste. En me concentrant, je distinguais avec peine un oiseau.

Un oiseau ?

  • Je ne suis pas un oiseau comme les autres. Je suis Ton, oiseau.

  • Mon oiseau ? Pardon ?

  • Ton Ange Gardien si tu préfères.

  • Ah...

Je ne bougeais plus. Je n'aurais même pas su dire quel genre d'oiseau c'était. Une colombe, un corbeau ? Un moineau ? Rapace, faucon ?

  • C'est tout ? Fit l'oiseau.

J'eus une envie soudaine de rire. L'oiseau me parlait, bougeait les ailes, mais son bec ne s'ouvrait pas.

  • Et bien quoi ? Je suis morte, après tout, répondis-je platement en haussant les épaules.

  • Tu es bien calme. La plupart des humains ne réagissent pas comme ça à leur mort. N'as tu donc aucun regrets ?

  • Honnêtement ? Ma vie m'ennuiait. Que je meurs maintenant ou non... C'est vrai que j'ai quelques amis qui me pleurerons, ainsi que ma famille...

Ma famille...

Ma gorge se serra à la pensée de ma mère, de mes frères, de mon père et de ma petite soeur. Comment allaient-ils encaisser le coup ?

Je baissais les yeux.

  • Il faut bien mourir un jour, après tout...

  • Tu ne m'écoutes pas.

Je relevais la tête.

  • Je t'ai dit que tu n'étais pas morte, s'agaça l'oiseau.

  • Ah non ? Alors qu'est-ce que je fais ici, à vous parler ?

J'eus la vague impression que l'oiseau souriait.

  • Il fallait justement que je te parle. Tu n'es pas morte, et quand j'en aurais finie, tu pourras repartir.

  • Repartir ? Où ?

  • Chez toi. Dans ton monde. Sur ce trottoir, avec ces hommes qui essaient de te sauver.

C'est vrai que je n'étais pas réellement ici. Mon corps reposait ailleurs. Dans un autre monde, une autre dimension peut-être. Inerte sur le sol...

  • Pourquoi suis-je ici ? Fis-je enfin.

  • Pour que tu me rendes un service.

  • A vous ? M'étonnais-je.

A un oiseau... ?

  • A qui d'autre, petite sotte ? Vois tu quelqu'un hormis nous ?

Je fronçais les sourcils, levais la tête. Rien. Nada. Que du blanc.

  • A Dieu, peut-être ? Proposais-je, mis figue-mi raisin.

L'oiseau s'esclaffa.

  • Quoi ? Qui a-t-il de drôle ? Il n'existe pas ?

Je n'y avais jamais crus, de toute façon.

  • Ca, ce n'est pas à moi de te le dire, répliqua-t-il.

  • Vous avez raison. De toute façon, vous n'êtes qu'un oiseau.

Ce dernier battit sauvagement des ailes. Je devais être en train de l'énerver serieusement.

  • Peut importe que je sois un oiseau ! J'aurais aussi bien pu être un chat tout comme un lion. J'ai fait au plus simple.

  • Ou une souris, arguais-je.

  • Pardon ?

  • Une souris, répétais-je.

  • Quoi une souris ?

  • Vous auriez pu être une souris, articulais-je clairement.

Le silence qui s'ensuivit me perturba. L'animal ne bougeait plus. Au point que je me demandais s'il ne s'était pas transformé en statut.

  • Toc, toc ?

  • Tu faisais de l'humour, je suppose, fit de nouveau la voix.

Maintenant que j'y faisais attention, elle était indéniablement masculine. J'ignorais sa question pour répliquer :

  • Vous êtes un homme, où là aussi vous avez choisi le plus simple ?

  • De notre point de vu, je suis du sexe masculin, mais je ne vois pas du tout le rapport. Pourrais-tu, je te prie, arrêter de me faire perdre du temps ? Nous n'en avons pas vraiment, et ce même s'il n'existe pas dans le lieu où nous sommes. J'ai d'autre choses à faire, figurez vous, mademoiselle.

  • Ah, on passe au vouvoiement maintenant ? Constatais-je à voix haute.

Je me rendais bien compte que je n'aidais pas vraiment. Mais je considérais que, étant morte, je pouvais me permettre quelques petits caprices.

  • Tu l'auras voulu. Comme parler à un oiseau semble te déranger...

J'écarquillais les yeux er reculais de plusieurs pas alors que l'animal ailé se jetait soudain sur moi. La seconde d'après, il avait disparu pour laisser place au plus bel homme que j'ai jamais vu. Enfin si, je l'avais déjà vu : un de mes nombreux fantasmes. Je clignais des yeux, surprise. Il était beau à en tomber par-terre. On aurait dit un dieu. Mais il était nu.

  • Euh... les vêtements sont d'option ?

  • Tu n'en as pas, que je sache.

Cette fois-ci, ses lèvres bougeaient en même temps qu'il me parlait. Je regardais cette magnifique bouche parfaitement bien déssinée avant de me rendre compte de ce que je faisais.

  • Parlons-en, justement. Je suis pudique, moi, me rattrapais-je.

Un vieux réflexe vieux comme le monde me fit me soustraire aux yeux de ce bel inconnu du sexe opposé mes parties intimes de mes petites mains. Ce n'était pas gagné.

L'Ange soupira. Je remarquais alors ses ailes. Des belles ailes blanches, déployées dans son dos, tel des lames d'argent. Elles étaient tout simplement magnifiques.

  • Maintenant que nous sommes vêtu, peux-tu, s'il te plaît, m'accorder ton attention ? Plaida-t-il avec un air appitoyé.

C'est alors que je vis que nous êtions effectivement vêtus de tunique blanche. De celles qu'on trouve presque dans les hopitaux. Presque. Quelle originalité !

Je hauchais pourtant la tête.

  • Bien. Je reprends depuis le début. Je suis un Ange. Je suis Ton, Ange, Gardien. Tu l'as intégré ? Bien. Alors, je t'ai fait venir ici pour te laisser une chance de vivre. Tu es une fille sincère, fidèle et attentive. Trois qualités importantes. Je voulais t'accorder une chance. Je t'ai suivi depuis longtemps. Je sais que tu t'ennuies, ou t'ennuyais. Tu aimerais une vie plus palpitante, c'est celà ? Et bien, je vais te proposer un deal.

  • Un deal ?

Jusqu'à maintenant je l'avais laissé parler. Après tout, j'avais tout compris.

  • Oui. Tu vas bientôt retourner dans ton corps. D'un instant à l'autre car je t'ai suffisemment retenue. Je vais te donner la chance d'avoir une vie plus palpitante. En contre partie, tu devras protèger et veiller sur deux hommes, différents, très proches tout en étant contraire. Et tu devras les aider.

Je restais un moment sans voix. Puis j'explosais de rire.

Voyant qu'il ne bronchait pas, je tentais de m'arrêter.

  • Vous n'êtes pas... vous êtes totalement sérieux.

  • On ne peut plus sérieux, oui.

Je restais sans voix, l'observant.

  • Et c'est tout ? J'aide deux hommes, et je m'amuserais plus ? Je ne vois vraiment pas en quoi, répliquais-je, hargneuse.

  • Si tu prenais le temps de m'écouter. De toute façon, tu verras sur le moment. Acceptes-tu ? En échanges, tu auras quelques petits cadeaux de ma part.

  • Des cadeaux ? Je dois choisir maintenant ?

L'Ange eut un temps d'hésitation. Il avait les yeux perdu dans le vague, regardant derrière moi.

  • On a plus le temps. Je te recontacterais surement. Acceptes-tu ?

  • Quoi ? Euh... euh.. c'est un contrat ? Ca marche comment, je dois signer un truc ?

Il secoua la tête.

  • On a plus le temps. Sens.

Sens ?

La seconde d'après, je ressentis une violente secousse dans le corps, et un éclat de douleur.

  • Aïouch. C'était quoi ça ??!

  • L'appel... fit simplement l'Ange.

Il me regardait, l'air inquiet.

  • Ca risque d'être un peu douloureux.

  • De quoi ? M'enquis-je, à mon tour inquiète.

Il me sourit.

  • Merci d'avoir accepté. Aurevoir. Fais attention. Et bon courage !

Je sentis une brusque traction me tirer en arrière. Puis un nouveau coup de poignard dans la poitrine. Une douleur. Une brulure, un tiraillement. Nouvelle traction, plus violente, et soudain, j'étais à dix mètre de l'Ange Gardien.

  • Attendez, hurlais-je, quel est votre prénom ??

  • J'en ai beaucoup, mais dans ta langue, je suis Gabriel.

Son prénom me parvint dans un murmure, alors qu'il disparaissait.


J'étais de nouveau sur la chaussée, le corps tendu de douleur, la respiration tremblante. Je tentais de bouger mes mains, puis j'ouvrais brusquement les yeux. Je ne vis tout d'abord rien, puis une lumière vive me fit les fermer. Je les rouvris, pour les refermer aussitôt. Je répètais le manège jusqu'à ce que je parvienne à lever un bras hésitant sur mes paupières. Des voix me parvenaient, lointaines.

  • Mademoiselle, vous m'entendez, mademoiselle ?!

Je refermais les yeux et laissais retomber ma main. Je soupirais. La douleur disparaissait, s'engourdissait. Je me sentais presque bien. Mais j'avais la nausée.

  • Je ne m'appelle pas mademoiselle... Juste Aby. Abygaël, chuchottais-je.

Puis je me laissais tomber dans l'inconscience.

Si douce...

Si calme...




08/05/2011
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